Les graffitis du château de Marmande

Article de Véronique Kleiner.

Le château de Marmande, classé MH en 2015, est situé à l’extrémité d’un éperon rocheux sur une zone frontière stratégique entre, au Nord, la Touraine, au Sud, le Poitou, et à l’Ouest, l’Anjou. Dés l’an mil, Marmande se trouve au cœur d’un champ de batailles entre ces trois provinces. Les murs les plus anciens datent de cette époque. Les seigneurs de Marmande, barons de Touraine, seront ensuite aux côtés du roi de France en guerre contre les Anglais. Chevaliers bannerets, on les retrouve dans de nombreuses batailles. C’est l’époque où les murailles se renforcent, la tour de guet est construite. Par mariage, Marmande entre dans la famille des Sancerre puis, par héritage, des Bueil. Jean V de Bueil, compagnon de Jeanne d’Arc, le fléau des Anglais et amiral de France, renforce les défenses du château par des travaux de grande envergure. Sans descendance, le château et ses titres sont achetés en 1730 par le Comte d’Argenson, ministre de la guerre de Louis XV. Il transforme le site en carrière de pierres pour construire son château des Ormes, ne laissant que les courtines, la tour de guet et la tour-porte en souvenir de sa puissance passée. Le lieu deviendra ensuite une exploitation agricole.

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Le site est riche en graffitis. La tour de guet, l’emblème du site, a vu toutes ses pierres recouvertes de graffitis. Les plus anciens datent de la construction de la tour, vers 1350. Les inscriptions des XIXe et XXe siècles sont les plus nombreuses, offrant de beaux témoignages de l’évolution de l’écriture. Les communs abritent des graffitis d’outils agricoles, d’animaux, de personnages naïfs, mais les plus intéressants se trouvent dans la tour-porte. Ce sont ces graffitis qui ont été relevés. L’étude archéologique de la tour-porte, effectuée par Julien Noblet et Nicolas Bilot, a permis de connaître ses différentes phases de construction, un travail précieux pour la datation des graffitis. Les murs les plus anciens de cette tour-porte datent de 1170 environ. Des aménagements (porte, cheminée, fenêtre) ont été datés de 1350/1400. Les relevés ont été effectués sur les deux étages de cette tour-porte, et 242 graffitis médiévaux ont été numérisés.

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Graffiti de Marmande

Le projet a été mené par l’association La Tour de Marmande. L’étude a été conduite par Clément Dussart, archiviste paléographe, avec une thèse en cours sur les graffitis des pèlerins en Terre Sainte au CESCM de Poitiers, sous la direction d’Estelle Ingrand Varenne.

Aymeric Gaubert, doctorant au CESR de Tours, travaille sur une thèse concernant les graffitis du château de Loches, sous la direction de Benoist Pierre.

Daniel Morleghem, archéologue indépendant associé à l’UMR 7324 Citeres-LAT de Tours, est spécialisé dans les relevés 3D, la photogrammétrie et le RTI.

La base de données a été réalisée par Thierry Pasquier et Rémi Bonnin.

Véronique Kleiner